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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU MYANMAR ET AU BANGLADESH
(26 NOVEMBRE - 2 DÉCEMBRE 2017)

RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS DU GOUVERNEMENT, LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CORPS DIPLOMATIQUE

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

International Convention Centre (Nay Pyi Taw)
Mardi, 28 novembre 2017

[Multimédia]


 

Madame le Conseiller d’Etat,
Honorables membres du Gouvernement et Autorités civiles,
Monsieur le Cardinal, vénérés Frères dans l’Épiscopat,
Distingués membres du Corps Diplomatique,
Mesdames et Messieurs,

J’exprime ma vive reconnaissance pour l’aimable invitation à visiter le Myanmar, et je remercie Madame le Conseiller d’Etat pour ses paroles cordiales.

Je remercie beaucoup tous ceux qui ont infatigablement travaillé pour rendre possible cette visite. Je suis venu surtout pour prier avec la communauté catholique du pays, petite, mais fervente,  pour la confirmer dans la foi et pour l’encourager dans son effort de contribution au bien de la nation. Je suis très reconnaissant que ma visite se déroule après l’établissement des relations diplomatiques formelles entre le Myanmar et le Saint-Siège. Je voudrais voir cette décision comme un signe de l’engagement de la nation à poursuivre le dialogue et la coopération constructive à l’intérieur de la communauté internationale plus grande, comme aussi à renouveler le tissu de la société civile.

Je voudrais aussi que ma visite puisse rejoindre toute la population du Myanmar et offrir une parole d’encouragement à tous ceux qui travaillent pour construire un ordre social juste, réconcilié et inclusif. Le Myanmar a été béni par le don d’une extraordinaire beauté et de nombreuses ressources naturelles ; mais son trésor le plus grand est certainement son peuple, qui a beaucoup souffert et continue à souffrir à cause des conflits civils et des hostilités qui ont trop longtemps duré et qui ont créé de profondes divisions. Puisque la nation travaille à présent à retrouver la paix, la guérison de ces blessures ne peut pas ne pas être une priorité politique et spirituelle fondamentale. Je peux seulement exprimer mon appréciation pour les efforts du Gouvernement qui affronte ce défi, en particulier à travers la Conférence de Paix de Panglong, qui réunit les représentants des divers groupes pour tenter de mettre fin à la violence, de construire la confiance et de garantir le respect des droits de tous ceux qui considèrent cette terre comme leur maison.

En effet,  le processus ardu de construction de la paix et de la réconciliation nationale ne peut avancer qu’à travers l’engagement pour la justice et le respect des droits humains. La sagesse des sages a défini la justice comme la volonté de reconnaître à chacun ce qui lui est dû, tandis que les anciens prophètes l’ont considérée comme le fondement de la paix, vraie et durable. Ces intuitions, confirmées par la tragique expérience de deux guerres mondiales, ont conduit à la création des Nations Unies et à la Déclaration universelle des droits de l’homme comme base aux efforts de la communauté internationale pour promouvoir dans le monde entier la justice, la paix et le développement humain, ainsi que pour résoudre les conflits par le dialogue et non par l’usage de la force. En ce sens, la présence du Corps Diplomatique au milieu de nous témoigne non seulement de la place que le Myanmar occupe parmi les nations, mais aussi de l’engagement du pays à maintenir et à poursuivre ces principes fondamentaux. L’avenir du Myanmar doit être la paix, une paix fondée sur le respect de la dignité et des droits de tout membre de la société, sur le respect de tout groupe ethnique et de son identité, sur le respect de l’état de droit et d’un ordre démocratique qui permette à chaque individu et à tout groupe – aucun n’étant exclu – d’offrir sa contribution légitime au bien commun.

Dans le grand travail de réconciliation et d’intégration nationale, les communautés religieuses du Myanmar ont un rôle privilégié à jouer. Les différences religieuses ne doivent pas être des sources de division et de méfiance, mais plutôt une force pour l’unité, pour le pardon, pour la tolérance et pour la sage construction de la nation. Les religions peuvent jouer un rôle significatif dans la guérison des blessures émotionnelles, spirituelles et psychologiques de ceux qui ont souffert durant les années de conflit. Puisant à ces valeurs profondément enracinées, elles peuvent aider à extirper les causes du conflit, à construire des ponts de dialogue, à rechercher la justice et à être une voix prophétique pour ceux qui souffrent. C’est un grand signe d’espérance que les leaders des différentes traditions religieuses de ce pays se soient engagés à travailler ensemble, dans un esprit d’harmonie et le respect réciproque, pour la paix, pour aider les pauvres et pour éduquer aux authentiques valeurs religieuses et humaines. En cherchant à construire une culture de la rencontre et de la solidarité, elles contribuent au bien commun et posent les bases morales indispensables d’un avenir d’espérance et de prospérité pour les générations à venir.

Cet avenir est encore aujourd’hui entre les mains des jeunes de la nation. Les jeunes sont un don à aimer et à encourager, un investissement qui produira un riche revenu seulement face à de réelles possibilités d’emploi et à une instruction de qualité. Ceci requiert d’urgence la justice intergénérationnelle. L’avenir du Myanmar, dans un monde en rapide évolution et interconnexion, dépendra de la formation de ses jeunes, non seulement dans les secteurs techniques, mais surtout aux valeurs éthiques d’honnêteté, d’intégrité et de solidarité humaine qui peuvent garantir le renforcement de la démocratie et la croissance de l’unité et de la paix à tous les niveaux de la société. La justice entre générations demande également que les générations futures héritent d’un environnement naturel non contaminé par l’avidité et le pillage humain. Il est indispensable que nos jeunes ne soient pas dépossédés de l’espérance et de la possibilité d’employer leur idéalisme et leurs talents dans le projet d’avenir de leur pays, et même de la famille humaine tout entière.

Madame le Conseiller d’Etat, chers amis,

Je désire ces jours-ci encourager mes frères et sœurs catholiques à persévérer dans leur foi et à continuer d’exprimer leur message de réconciliation et de fraternité à travers des œuvres caritatives et humanitaires dont toute la société puisse bénéficier. C’est mon espérance que, dans la coopération respectueuse avec les adeptes des autres religions, et avec tous les hommes et femmes de bonne volonté, ils contribuent à ouvrir une ère nouvelle de concorde et de progrès pour les peuples de cette région bien aimée. Longue vie au Myanmar ! Je vous remercie pour votre attention et, avec mes vœux les meilleurs pour votre service pour le bien commun, j’invoque sur vous tous les bénédictions divines de sagesse, de force et de paix.

Merci.

 



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