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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Le feu intérieur

Jeudi 22 juin 2017

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 027 du 6 juillet 2017)

Passionné, capable de discerner et de dénoncer, en particulier les mercenaires : c’est-à-dire ceux qui, en voyant venir le loup, abandonnent le troupeau ou qui, « pour s’attirer l’admiration des fidèles », laissent faire avec cet « angélisme des compromis qui ne vont pas ». Tel est le portrait du véritable pasteur tracé par l’apôtre Paul et reproposé par le Pape François. Une réflexion née de l’écoute des paroles de la première lecture — tirée de la deuxième lettre aux Corinthiens (11, 1-11). Voilà donc les « trois caractéristiques », les « trois aspects du style pastoral de Paul, qui est le style pastoral d’un bon pasteur ». La première caractéristique concerne « le pasteur passionné. Passionné au point de dire à ses fidèles, à son peuple : “J’éprouve, en effet, pour vous une sorte de jalousie divine” ». Un pasteur qui est donc « jaloux. Mais divinement jaloux ». Une attitude qui peut sembler une folie. C’est cette caractéristique que nous appelons “le zèle apostolique” : on ne peut pas être un véritable pasteur sans ce feu à l’intérieur. Faisant ensuite référence à la deuxième caractéristique, le Pape a défini l’apôtre comme « un homme qui sait discerner, parce qu’il continue : “Mais j’ai bien peur qu’à l’exemple d’Eve, que le serpent a dupée par son astuce, vos pensées ne se corrompent en s’écartant de la simplicité envers le Christ” ». En effet, Paul « sait que dans la vie, la séduction existe. Le père du mensonge est un séducteur. Le pasteur, non. Le pasteur aime. Il aime ». Enfin, “la troisième caractéristique” est « la capacité de dénoncer. Un apôtre ne peut pas être un naïf. Egalement « parce qu’il faut défendre la fidélité à l’unique époux, à Jésus Christ. Et lui sait condamner » avec « cette manière concrète » qui lui permet de « dire : “cela non” ». « Le bon pasteur sait condamner, en citant le prénom et le nom ». Pour récapituler le sens de son homélie, le Pape a rappelé la visite accomplie le 20 juin à Bozzolo et à Barbiana, où les pères Primo Mazzolari et Lorenzo Milani ont exercé leur ministère. « L’autre jour, quand je suis allé sur les lieux où vécurent ces deux braves pasteurs italiens à Barbiana, j’ai vu que le curé enseignait à ses enfants ». Et ce curé, don Milani, « avait une devise un peu dangereuse, contraire à celle que l’on utilisait à cette époque : Je prends soin ». « Qu’est-ce que cela signifie? ». La réponse a été que le prieur de Barbiana « voulait dire “il m’importe” », c’est-à-dire qu’« il enseignait les choses que l’on doit prendre au sérieux, contre la devise à la mode à cette époque, qui était “Peu m’importe”, mais dit dans un autre langage, que je n’ose pas ici » répéter (la référence du Pape est à « je m’en fiche » qui fut l’une des devises du fascisme). De cette manière, don Milani « enseignait à aller de l’avant. Prends soin de ta vie, et “Cela non!” : savoir dénoncer ce qui va contre ta vie ». Voilà alors la conclusion synthétique : « Le zèle apostolique de Paul, passionné, zélé : première caractéristique. Un homme qui sait discerner, parce qu’il connaît la séduction et sait que le diable séduit : deuxième caractéristique. Un homme ayant la capacité de condamner des choses qui feront du mal à ses brebis : troisième caractéristique ». Avec l’invitation à prier « pour tous les pasteurs de l’Eglise, pour que saint Paul intercède devant le Seigneur », afin que « nous tous, pasteurs, puissions avoir ces trois caractéristiques » pour le servir.



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